La labellisation est un dispositif interne d’aide pensé pour mettre en lumière des artistes locaux repérés pour la qualité d’un de leurs spectacles abordant des thématiques proches de Sens Interdits. Le label leur ouvre, entre autres, l’accès à nos réseaux de production et de diffusion du territoire local, national et européen.
Cet objectif est matérialisé par un accompagnement et un soutien constants, malgré le peu de moyens financiers dont dispose l’association : parler des spectacles, promouvoir les artistes à chaque occasion possible, accompagner les représentations mais aussi faciliter l’édition des textes… Sens Interdits met à disposition un label officiel qui figure sur les documents de diffusion et lie les artistes au Festival, que leur spectacle soit porté en production déléguée ou non.
Les trois artistes labellisées qui représentent chacune une vision particulière du théâtre et de l’actualité :
Le Quai de Ouistreham – Louise Vigneaud – 2019
En mettant en scène l’enquête journalistique Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas, Louise Vignaud aborde les conséquences de la crise économique sur le corps des femmes au travail dans une entreprise d’entretien. La labellisation puis la programmation dans l’édition 2019 ont manifestement aidé au parcours de diffusion du spectacle, porté par l’excellente comédienne Magali Bonat, dont Sens Interdits reprend la production déléguée à la rentrée 2023.
La langue de mon père – Sultan Ulutas Alopé – 2023
Seule en scène, Sultan Ulutas Alopé livre ses interrogations sur ce qui l’a construite, sur la société turque des années 90 et la politique violente d’assimilation kurde encore en vigueur dans le pays. Bloquée administrativement au moment de renouveler son titre de séjour en France, une jeune femme apprend le kurde, sa langue d’origine interdite en Turquie et replonge dans ses souvenirs et traumatismes d’enfance. À travers la question de la langue, cette pièce en français, en turc et en kurde met en avant la complexité de la construction d’une identité entre l’immigration et le sentiment d’être étrangère, ainsi que l’impact du racisme quotidien au sein d’une famille et d’une société fracturées.
La nuit je rêverai de soleils – Anca Bene – 2023
Anca Bene tente dans cette pièce de faire sens au moyen des archives et des témoignages qui éclairent l’histoire cachée de la dictature de Nicolae Ceausescu. Il y a les faits historiques : en 1966, le décret 770 de Ceausescu interdit l’avortement et impose aux femmes d’avoir au minimum cinq enfants, peu importe leurs conditions matérielles. De nombreux enfants sont placés dans des institutions dédiées de l’État, véritables “mouroirs pour enfants” où ceux-ci sont négligés et isolés. Après la chute du régime en 1990, le nouveau gouvernement met en place une politique d’adoption à l’international, peu encadrée par la loi, sans aucun suivi, mais qui s’avère surtout être très lucrative. La violence de ce système prend la forme d’une Machine inarrêtable, fabrique d’orphelins orchestrée par un État avec le silence complice de la communauté internationale.
Une rencontre en présence des artistes labellisées se déroulera lors de cette édition du Festival.