C’est avec beaucoup de regrets que nous venons d’apprendre que Dominique Eddé, romancière et essayiste libanaise, ne pourra malheureusement être présente au Festival à cause de la guerre actuellement en cours au Liban.

Elle sera remplacée par Elias Senbar, écrivain, ancien ambassadeur de la Palestine auprès de l’Unesco, essayiste, il est aussi le traducteur du poète Mahmoud Darwich dont il était l’ami.

Dans son dernier texte publié, il y a quelques mois La Dernière Guerre ? : Palestine, 7 octobre 2023 – 2 avril 2024 il analyse les dynamiques politiques et militaires à l’œuvre, ce que l’Etat d’Israel commet, la violence de la situation, sa profondeur historique. Et il s’interroge : « L’impasse est-elle pour autant absolue ? ».

Olivier Neveux, président de Sens Interdits, est professeur d’histoire et d’esthétique du théâtre à l’ENS de Lyon et rédacteur en chef de la revue trimestrielle Théâtre/Public.

Les Célestins, Théâtre de Lyon
Samedi 19 octobre – 14h30
Gratuit sur inscription


En 2024, Contre-Sens, Festival international de théâtre, s’intéressera à la thématique « faire tomber les murs » : 7 spectacles aborderont cette injonction sous différents angles : murs entre générations, mur du silence, murs entre les personnes, murs entre « normalité » et singularité… Autour de cette programmation se déploieront rencontres, échanges, projections, débats et ateliers dans la métropole lyonnaise. À une époque où il se construit tant de murs, Contre-Sens invitera à prendre le temps de montrer, de partager, de dépasser leur présence et voir ce qu’il se passe de l’autre côté.

Édito de Patrick Penot, directeur de Sens Interdits

« CE QUI VIENT AU MONDE POUR NE RIEN TROUBLER NE MÉRITE NI ÉGARDS, NI PATIENCE » RENÉ CHAR, FUREUR ET MYSTÈRE

Nul n’échappe à la surinformation permanente. Nous sommes tous témoins permanents et impuissants des massacres à ciel ouvert au Moyen-Orient, en Ukraine, en Afrique, des monstrueuses exclusions talibanesques, des libertés écrasées ici et là, des injustices criantes, des égoïsmes forcenés…

Ce déferlement d’images et d’informations, sans répit et sans hiérarchie, nous laisse accablés et plein de doutes dans cette zone où le fait-divers occulte le politique, où le jugement péremptoire vaut analyse et où chacun devient expert en tout et le fait savoir. Ne nous restent alors, pour arme et piètre consolation, que l’indignation et la compassion sur les réseaux sociaux où nous disons notre espoir de libération des otages ici, de cessez-le feu, d’égalité des droits et protection des plus faibles partout… Bref bonne conscience et illusion majoritaire.

Heureusement nous sommes encore assez nombreux à penser que le rôle du théâtre est de troubler les certitudes, d’introduire le désordre, de bousculer habitudes et confort intellectuel, de contourner modes et chapelles et de nous amener à voir et à entendre autrement les fracas du monde en déplaçant nos angles de vue.

C’est ce que propose cette 2ème édition de Contre-Sens avec sept spectacles plus une surprise clin-d ’œil, Mimoun et Zatopek, seul en scène qui nous dit tout, de l’effort, des luttes, de l’engagement…

Sans aucun doute les jeunes artistes généreux et engagés venus de Hongrie, Lituanie, Argentine, Rwanda, Pologne, Ukraine, Biélorussie, Russie, Belgique, Allemagne et France, bousculeront nos regards. Toutes et tous comme les témoins et intervenants, portent l’espoir d’un monde meilleur.

En échos aux spectacles, le copieux programme Hors-scène (les murs, les résistances, les commencements…) avec ses journées thématiques, ses performances-manifestes, ses entretiens, lectures, projections, concerts et ateliers, prendra le temps de l’interrogation, du partage et, si nécessaire, de la controverse.

Croisons-nous durant les 15 jours de ce festival qui sera le 10ème et dernier que j’aurai organisé depuis la naissance de Sens Interdits en 2009.

Et enfin, une fois n’est pas coutume, nous serons heureux, quelques jours après, de vous retrouver à la BF15 pour découvrir l’exposition LIGNES de mon ami Stasys Eidrigevicius, affichiste, dessinateur et peintre prolifique, organisée dans le cadre de la Saison Lituanienne en France. Son univers inquiété mais stimulant, lui aussi, apporte le trouble et mérite égards et patience.

Merci aux artistes, à nos fidèles soutiens, nos partenaires, nos publics.

Merci à la belle équipe, merci au Bureau et au Conseil d’administration.

Longue vie à Sens Interdits !
Patrick Penot